Traitement d’une péri-implantite et son suivi : est-ce réellement aussi simple ?
Auteur : Brenda Mertens

Le patient
- 54 ans
- Parodontite traitée en 2015 stabilisée, puis plusieurs épisodes d’activation sur les dernières années
- Prise en charge de son occlusion par une occlusodontiste et une orthodontiste (durée 3 ans)
- Hygiène orale perfectible
- Sportif et aucune consommation de tabac
- Suivi parodontal et péri-implantaire tous les 4 à 6 mois suivant les années
L’implant
- Avulsion de la 36 et régénération osseuse guidée (ROG) réalisée en 2017 suite à une fracture de la dent et une infection
- Un implant posé en 2018 après la fin du traitement orthodontique
- Couronne d’usage scellée, réalisée par son dentiste
- Péri-implantite diagnostiquée en 2021
![1, 2 et 3. Inflammation des tissus gingivaux et péri-implantaires et présence de plaque sont associées à un saignement et une suppuration au sondage. Une radiographie panoramique révèle d’emblée une perte osseuse en mésiale et distale de l’implant 36. Le diagnostic de la péri-implantite est posé [1]. La première étape va être la réalisation d’un débridement non chirurgical sous anesthésie locale, afin de permettre une diminution de l’inflammation et une meilleure manipulation des tissus péri-implantaires si une phase chirurgicale devait être envisagée. La réévaluation est menée à 6 semaines et, comme dans la majorité des cas de péri-implantite, il sera nécessaire d’intervenir chirurgicalement dans un second temps [2].](https://www.idwebformation.fr/wp-content/uploads/sites/2/2024/02/1-tt-width-800-height-484-fill-1-crop-0-bgcolor-12181f-post_id-164944-768x465.png)


![4, 5 et 6. L’intervention chirurgicale débute avec la dépose de la couronne implantaire, un sondage péri-implantaire plus précis et une radiographie rétro-alvéolaire, qui montre une alvéolyse périphérique d’environ 3 mm. Compte tenu de la situation clinique, il est envisagé d’opter pour une chirurgie reconstructrice (régénération osseuse) combinée à un ré-enfouissement de l’implant [3].](https://www.idwebformation.fr/wp-content/uploads/sites/2/2024/02/416-tt-width-800-height-484-fill-1-crop-0-bgcolor-12181f-post_id-164944-1-768x465.jpg)


![7, 8 et 9. Un lambeau de pleine épaisseur est levé et le tissu de granulation retiré à l’aide d’une mini curette en titane. Nous observons un défaut osseux combiné de type I et II, avec une perte osseuse verticale circonférentielle en forme de cratère (très favorable à la régénération) couplée à une perte horizontale au niveau de la paroi vestibulaire [4].](https://www.idwebformation.fr/wp-content/uploads/sites/2/2024/02/712-tt-width-800-height-484-fill-1-crop-0-bgcolor-12181f-post_id-164944-768x465.jpg)


![10, 11 et 12. L’étape clé est la décontamination de la surface implantaire. Ici, nous avons choisi d’utiliser le protocole électrolytique Galvosurge. Des bulles d’hydrogène se forment à la surface de l’implant puis se détachent, entraînant avec elles le biofilm. On réalise ainsi une décontamination sans altération structurelle de la surface implantaire et on obtient une surface implantaire prête pour la ré-ostéointégration. Ce système peut être utilisé à chaque fois qu’on peut démonter les éléments prothétiques implantaires. L’avantage est une décontamination efficace et complète de la surface micro-rugueuse exposée [5]. à la fin de cette phase, une vis de couverture est placée sur l’implant afin de pouvoir passer en toute sérénité à l’étape reconstructrice. Le patient prend, à partir de la veille de l’intervention, 500 mg d’amoxicilline/métronidazole 3 x par jour pendant une semaine.](https://www.idwebformation.fr/wp-content/uploads/sites/2/2021/01/106-tt-width-626-height-647-crop-1-bgcolor-f0f2f7-post_id-164944.jpg)


![13, 14 et 15. L’étape de reconstruction allie la mise en place d’une hydroxyapatite d’origine bovine et d’une membrane résorbable en collagène. L’intérêt de la membrane est de protéger le biomatériau de son environnement, et surtout de la contamination bactérienne qui pourrait nuire à son intégration et au résultat final. En effet, dans ce type de situation, la coaptation des lambeaux ne peut pas être parfaite et le contrôle de plaque n’est jamais idéal dans les premières semaines postopératoires [3]. Sur la radiographie postopératoire, on peut distinguer le comblement osseux.](https://www.idwebformation.fr/wp-content/uploads/sites/2/2024/02/1310-tt-width-800-height-484-fill-1-crop-0-bgcolor-12181f-post_id-164944-768x465.jpg)


![16, 17, 18 et 19. Lors de la séance de suivi et de maintenance implantaire à 2 ans postopératoires, on constate que la situation est toujours fragile et non stabilisée. L’hygiène bucco-dentaire est toujours perfectible et, même si nous n'avons plus de poche profonde au sondage, il reste un saignement, beaucoup de plaque et une cicatrisation osseuse qui doit être bien surveillée compte tenu de ce contexte. Il est impératif de remotiver le patient et de lui montrer à nouveau comment utiliser efficacement les brossettes interdentaires. Le succès est modéré dans ce cas-ci, au vu du manque d’efficacité du contrôle de plaque personnelle du patient [6, 7].](https://www.idwebformation.fr/wp-content/uploads/sites/2/2024/02/163-tt-width-800-height-484-fill-1-crop-0-bgcolor-12181f-post_id-164944-768x465.jpg)



Conclusion
Chez ce patient, le traitement de la péri-implantite a comporté une chirurgie associant décontamination électrolytique de la surface implantaire, régénération osseuse guidée et enfouissement de l’implant. Le résultat à 2 ans est très moyen au vu du pourcentage de régénération osseuse obtenu. Comment peut-on prévoir un tel résultat alors que l’on a suivi les recommandations à la lettre, que l’on a utilisé les dernières technologies de décontamination, que l’on y a mis tous les moyens, que le patient est en bonne santé générale et qu’il vient en plus régulièrement aux séances de thérapeutique de soutien ? Le succès du traitement des péri-implantites n’est pas simple à obtenir, surtout quand un élément clé est compromis… la maintenance personnelle ! En effet le succès n’est possible que si le contrôle de plaque quotidien est optimal et, ici, ça n’était pas le cas. Le patient se brossait certes les dents, mais ne passait pas quotidiennement les brossettes, ce qui a compromis la cicatrisation et facilité la récidive malgré un suivi professionnel strict et un renforcement de la motivation à chaque séance.
Au final, traiter une péri-implantite est plutôt simple, mais obtenir un réel succès ne l’est certainement pas… Il vaut toujours mieux prévenir que guérir. Prévenons, posons des implants quand les dents sont réellement condamnées, insistons sur le contrôle de plaque efficace personnel et professionnel, et évitons ainsi au maximum la survenue des péri-implantites !
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Bibliographie
- Berglundh T, Armitage G, Araujo MG, Avila-Ortiz G, Blanco J, Camargo PM, Chen S, Cochran D, Derks J, Figuero E, Hämmerle CHF, Heitz-Mayfield LJA, Huynh-Ba G, Iacono V, Koo KT, Lambert F, McCauley L, Quirynen M, Renvert S, Salvi GE, Schwarz F, Tarnow D, Tomasi C, Wang HL, Zitzmann N. Peri-implant diseases and conditions: Consensus report of workgroup 4 of the 2017 World Workshop on the Classification of Periodontal and Peri-Implant Diseases and Conditions. J Clin Periodontol. 2018 Jun;45 Suppl 20:S286-S291.
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- Schwarz F, Alcoforado G, Guerrero A, Jönsson D, Klinge B, Lang N, Mattheos N, Mertens B, Pitta J, Ramanauskaite A, Sayardoust S, Sanz-Martin I, Stavropoulos A, Heitz-Mayfield L. Peri-implantitis: Summary and consensus statements of group 3. The 6th EAO Consensus Conference 2021. Clin Oral Implants Res. 2021;32 Suppl 21:245-53.
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- Dumay M, Brazzola L, Sailer I, Mertens B, Jaquet R. Biological and Mechanical Complications. Clinic 2021; 42(402):580-92.
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Auteur
- DU de Parodontologie Clinique (Strasbourg)
- Diplôme de spécialité de l’European Federation of Periodontology
- Ancienne Assistante Hospitalo-Universitaire, département de parodontologie, CHRU de Montpellier
- Exercice libéral exclusive en parodontologie et implantologie orale à Montpellier
Formation E-learning DPC
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Dernière mise à jour le 11 octobre 2024